A quoi correspond exactement le stress ?
Le concept biologique de stress est mis en lumière au XXème siècle par un endocrinologue canadien, Hans Selye. Il observe des animaux placés dans un environnement agressif, inadapté à leurs conditions de vie habituelles, et constate que ces situations anormalement difficiles déclenchent du stress chez eux et que, s’il se prolonge trop longtemps, il entraîne le développement de pathologies, voire la mort. Le médecin décrit alors les réactions non spécifiques d’un organisme exposé au stress, et décide de les regrouper sous le terme de Syndrome d’Adaptation Général, qui selon lui se manifeste indépendamment du facteur de stress le causant, suivant trois phases :
- une phase d’alarme, réaction instantanée de l’organisme envers le stress, caractérisée par la mobilisation des premières lignes de défenses immunitaires et la consommation des ressources énergétiques de l’organisme. C’est une phase catabolique où le corps se met en mode combat (comme lors d’un effort sportif). Le système nerveux libère principalement de l’adrénaline ayant pour effet une augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle, une augmentation des niveaux de vigilance, une dilation des bronches, une augmentation de la lipolyse (libération d’acides gras) et de la glycogénolyse (libération de glucose). Le plus souvent de courte durée cette phase est normalement bien gérée par l’organisme pour un retour rapide à l’équilibre physiologique (notion d’homéostasie).
- une phase de résistance caractérisée par l’adaptation de l’organisme au facteur de stress. Le métabolisme catabolique est remplacé par des fonctions anaboliques. Le corps mobilise l’axe hypothalamo-hypophysaire avec la sécrétion de cortisol (glucocorticoïde), hormone du stress fabriquée par les glandes surrénales. Ces glucocorticoïdes maintiennent la production de glucose à un niveau élevé afin de répondre au besoin des muscles, du cerveau et du cœur. Lors de cette phase la voie métabolique permet une reconstitution des stocks de glucose dans le foie provenant de la lipolyse des cellules adipeuses et des acides aminés issus de l’hydrolyse des protéines. Si cette situation de stress se prolonge ou s’intensifie, l’organisme rentre en phase 3.
- un stade d’épuisement est atteint lorsque l’organisme n’est plus en capacité de maintenir ses facultés adaptatives mises en œuvre dans la phase précédente, il est débordé. Cet état peut se traduire par la survenue de pathologies par excès de cortisol avec hyperglycémie, hypertension, baisse des défenses immunitaires, dépression, …
Une plante adaptogène intervient au cœur du processus de régulation face au stress dès la phase d’alarme, mais surtout en phase de résistance où elle soutient les capacités d’adaptation de l’organisme en vue de le protéger et le renforcer.
Le terme adaptogène est employé pour la première fois en 1947 par un pharmacologue russe, Nikolaï Lazarev, pour décrire « une substance pharmacologique capable d'induire dans un organisme, un état de résistance augmentée non spécifique, permettant de contrebalancer les signaux de stress et de s'adapter à un effort exceptionnel ». Ses recherches, relayées quelques années plus tard par les travaux de son disciple le Dr Brekhman, se portent aussi sur des plantes adaptogènes notamment le ginseng rouge (Ginseng Coréen) mais aussi l’éleuthérocoque (Ginseng Russe). Staline les a missionné pour trouver des substances naturelles permettant d’augmenter la résistance physique et les capacités intellectuelles de son peuple, et surtout pour accroître la capacité à l’effort et la résistance au stress des soldats engagés sur le front.
Brekhman poursuit ses observations et constate que ces fortifiants naturels possèdent également une efficacité remarquable dans la prévention de certaines maladies, l’augmentation de l’endurance et la performance sportive constituant une aide précieuse pour s’adapter aux variations brutales environnementales. Il décide de définir les critères caractérisant un effet adaptogène :
- présenter des propriétés pharmacologiques non spécifiques et augmenter la résistance de l’organisme face aux agressions biologiques (exemple : un agent infectieux), chimiques ou physiques (activité physique) ;
- être inoffensif et ne pas perturber les fonctions physiologiques normales ;
- exercer une action normalisatrice et régulatrice pour un retour à l’équilibre.
Grâce à ses recherches, Brekhman identifie le processus de fonctionnement d’un adaptogène pour soutenir et protéger un individu contre le stress :
- soutenir les fonctions surrénaliennes de nature à s’opposer aux effets néfastes du stress ;
- activer les cellules du corps pour accéder à plus d’énergie (catabolisme) ;
- aider les cellules à se débarrasser de leurs déchets métaboliques toxiques (catabolisme) ;
- fournir un effet anabolique ;
- aider le corps à utiliser l’oxygène de façon plus efficace (utile pour le sportif) ;
- accélérer la régulation de nos horloges biologiques.
La notion « d’adaptogène » existe également dans la médecine traditionnelle chinoise, depuis des millénaires sous le concept de « toniques supérieurs ». Leur usage n’a pas pour vocation de combattre des maladies, mais favoriser une bonne santé générale : augmenter l’énergie de l’organisme et harmoniser les fonctions corporelles et psychiques pour son bien-être.
Dans un rapport récent de l’Agence Européenne des médicaments (EMA), les experts souhaitent marquer la différence entre les termes adaptogène, tonique et stimulant :
- un tonique est une substance qui atténue l’état de faiblesse ou le manque de tonus en cas de fatigue ;
- un stimulant est une substance qui entraîne une augmentation temporaire de la capacité de travail suivie d’une période de diminution ;
- et contrairement aux stimulants, les adaptogènes sont réputés pour entraîner une augmentation de la capacité de travail, non suivie d'une diminution.
Un adaptogène accroît la réponse d’un organisme sur l’ensemble du stress, quelqu'en soit la cause, ce qui le différencie d’un immunostimulant. De plus, les substances adaptogènes ont un large spectre d’activité, et il n’est pas possible de les associer à un symptôme ou une pathologie. Ils sont utilisables lorsqu’une maladie est déclarée afin de prévenir les complications et de renforcer l’état général de l’organisme, ou simplement à titre préventif.
Les plantes adaptogènes les plus courantes sont : le Ginseng (Panax ginseng), l'Eleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus), la Maca (Lepidium meyenii), la Rhodiola (Rhodiola rosea), le Tribulus (Tribulus terrestris), l'Astragale (Astragalus membranaceus) et l’Ashwagandha (Withania somnifera).
Enfin, le magnésium, riche en vitamines du groupe B représentera aussi un allié dans votre lutte contre le stress, en contribuant à réduire la fatigue physique et nerveuse.